Sentiments partagés - Partie 1 - PV Chant' (l)

Sentiments partagés (1)

Allen s'entrainait ardemment dans sa chambre a cet effet. Son innocence avait beaucoup gagné en énergie ces derniers temps, et il ne voulait pas risquer de perdre ce gain précieux en ne faisant rien. Après quelques brefs échauffements, il frappait sans relâche les mannequins adaptés en forme d'akuma, qui se déplaçaient a vitesse grand « V » - constitués essentiellement par des pauvres oreillers qui n'avaient rien demandé a personne. A chaque instant de relâche, chaque fois que la fatigue engourdissait ses mouvements, il se répétait ces mots comme encouragement : La guerre approche – si tu te montres faible, jamais tu ne survivras. Ou pire : tu ne pourras jamais les défendre … Lavi, Lenalee, Kanda … Cela lui procurait une dose de force et il bondissait a nouveau en renforçant ses puissances. Malgré cela, il dut quand même faire une pose, essoufflé, tant ses muscles étaient endoloris. Il s'était entrainé depuis cinq heures ce matin là, et il en avait franchement marre. De toute manière – mais ça, il ne le savait pas – son entrainement allait bientôt être troublé par autre chose que la fatigue … La lourde porte de sa salle d'entrainement improvisée s'ouvrit en un vacarme assourdissant, ce qui eut pour effet de le faire sursauter. Il se retourna d'un bond. Une exorciste venait d'entrer – il la connaissait bien. Son nom ? Zoey Nightshade. Elle faisait partie de ces sauveuses froides et distantes qu'on aimait pas trop approcher, mais que l'on redoutait et que l'on respectait malgré tout. Allen se releva tranquillement, remis son manteau – c'était malpropre que de rester torse nu devant une dame, après tout - et se perdit dans la contemplation de cette silhouette qui s'avançait vers lui d'un pas si léger qu'il semblait être tiré d'un film au ralentit.

Zoey était vraiment une jeune fille magnifique, tout du moins c'est ce que le jeune adolescent pensait. Tout en elle inspirait une certaine grâce, et malgré sa froideur ses mouvements aux yeux d'Allen étaient remplis de douceur. Il ne savait pas pourquoi, mais il adorait la regardait. Il aimait ses cheveux noirs ou la lumière ne se glissait que pour leur procurer des reflets aile-de-corbeau. Il aimait ses yeux gris-bleus qui semblaient a la fois durs, mesquins, et bordés de larmes en toutes occasions. Il aimait cette petite ride volontaire qui se creusait dans son front, et qu'il avait l'impression d'être le seul a remarquer. C'est pour tout cela que lorsqu'elle arriva a son niveau, il sourit en se remettant sur ses jambes. Il désactiva son innocence et lui tendit une main en guise de salut qu'elle ne serra pas, ce qui ne faisait que rajouter a l'admiration que Allen nourrissait pour elle. Il endossa ce refus avec dignité, et décida de passer outre : il la salua par voie orale.

« -S-Salut Z-Zoey »

M*rde, keskcékça?

Allen Walker n'avait jamais bégayé auparavant ! Il ne s'était d'ailleurs jamais senti aussi gêné. Etait-ce du au fait d'être avec une fille ? Non, avec les autres ça ne lui faisait jamais ça . Que pouvait-il bien lui arriver ?
Il mit un peu de temps avant de comprendre qu'il avait un faible pour elle, tout simplement.

| C'est petit, c'est ridicule u____u |

Et m*rde. Dans le genre discrète.
Cette journée avait bien débuté. Pour une fois, j’aurais envie de dire. Je me suis levée assez tôt, j’ai déjeuné seule et sans espèces de punaises qui me collent pour ne pas faire face à la solitude, et j’ai eu le temps de me préparer tranquillement, sans avoir à me dépêcher pour partir en hâte en mission.
En effet, lors de ma dernière mission, mon idiot de partenaire ayant été mis H.S dès le premier round avec cet akuma dégénéré, j’ai du m’en occuper seule. Comme d’hab’. Il était coriace, très coriace, mais j’ai réussis ma mission à bien. Avec un bras brisé et des blessures un peu partout sur le corps. Youpiii. En plus j’avais eu le droit à me faire disputer parce que j’avais laissé mon coéquipier seul dans les décombres. Bah ‘coutez, c’est pas ma faute si il est nul hein. Nahmého.

Bref, en attendant que mon bras guérisse, j’avais quartier libre, et j’avais des vacances. Remarque, c’est pas sûr que ça soit mieux, vu qu’à présent, bon nombre de membres de la congrégation voulaient faire « ami-ami » avec moi, me demandant ce qu’il s’était passé lors de ma mission. L’horreur.
Bref, revenons à nos moutons. Après m’être préparée et tout le toutim, c’était l’heure du réveil des autres exorcistes. Lorsqu’ils commencèrent à affluer dans le hall, je m’étais réfugiée dans la première porte qui m’était passée sous la main, et je l’avais refermée derrière moi à la hâte dans un vacarme assourdissant. J’entendis sursauter derrière moi, et je me maudits en silence pour mon indiscrétion.
Je restais la, collée à la porte plusieurs minutes en poussant un soupire découragé, et me retourne.

Eh merde. Je suis pas seule. Je fixe l’exorciste qui se trouve au fond de la salle avec froideur. Il me fixe lui aussi, mais assez étrangement, et son regard me déstabilise un peu. On m’avait toujours observé avec méchanceté ou pitié, lui, il y avait du respect et autre chose de plus profond. Mon regard se pose sur son torse musclé et un petit bruit désolé s’échappe de mes lèvres lorsqu’il met son chemise d’exorciste, me cachant son corps. Dommage, l’était pas mal.
Bref, maintenant que je suis dans sa chambre, puisqu’apparemment ça l’est, je m’avance vers lui d’un démarche que j’essaie de faire nonchalante, mais plus son regard gris acier me transperce, plus un sentiment gêné s’empare de mon cœur. Bon sang Zo‘, qu’est-ce qu’il t’arrive ? Bon, bon, je vais pas me laisser déstabiliser par ses yeux de biche. On respire, un, deux, trois, on expire. Je continue de m’avancer avec lenteur, le dévorant du regard. Il est beau, je ne le nie pas. Sa marque rouge sur son œil droit mets son regard acier en valeur, ses cheveux blancs tombent en mèche désordonnées sur ses yeux, lui donnant un air un peu fouillis mais adorable, plutôt grand et fin, musclé. Bref, beau gosse.

Il me tend une main en guise de salut, et une grimace étire le coin de me lèvres. On va en rester au regard, hein. Pas touche, minouche. Je lui lance un regard froid, et croise mes mains dans le dos. Si t’es pas assez intelligent pour comprendre le message, je te plains mon chou. Il a l’air légèrement déstabilisé, mais ne flanche pas.

« S-Salut Z-Zoey. »

D’ ou qu’il connaît mon prénom lui ? Bon, je vais pas trop me poser de questions, ça vaut mieux je pense. Je suis de bonne humeur, alors je vais pas l’enfoncer un peu plus.

« - Salut… Allen, c’est ça ? J’ai entendu parler de toi. Je vois que tu t’entraines dur. Prêt à partir pour une nouvelle mission avec tes petits amis ? »

Difficile de parler avec plus d’ironie. Un sourire amusé se dessine au coin de mes lèvres, et je le fixe avec intensité, désireuse de voir sa réaction, observant son regard que je trouvais mignon, tant il était respectueux.
Derrière ses airs de merlan frit, contrairement à tous ceux avec qui j’avais eu à faire, il me plaisait bien. Ou plus si affinité.

| J'ai honte. u_u |

My god, c'est qu'elle est dominatrice cette nana. Que ça te donne pas des idées ! Bon sang, mais a quoi jpense moi ?

Ah, la fine fleur cachait une abeille. Très bien. Allen allait rentrer dans son jeu. Elle voulait de l'ironie, de la froideur ? Elle allait en avoir. Il est gentil, le bonhomme, mais faut pas lui faire montrer les crocs.

Les crocs ? Dit plutôt qu'elle te les donne, les crocs, ah oui, la faim c'est un des signes qu'une fille te plait ! - j'ai toujours faim, conscience a deux balles.

Trève de plaisanterie. On répond au feu par le feu après tout. Et si Mlle Nighshade voulait de la méchanceté gratuite, elle allait en avoir. Et puis, si elle aime pas les grands gamins tous niais, c'est pas la moment de se la jouer romantique. Chose étonnante au passage : son bégaiement disparut d'un coup, sa gène aussi. Comme si il s'était rendu compte que comme ça il irait pas très loin.

« - Dis moi Zoey, je t'ai rarement vue a l'entrainement. Tu devrais peut être réfléchir à ça avant de te moquer de ceux qui travaillent, non ? »

Wah, c'était recherché ça. Un singe analphabète aurait pas fait mieux. - Ta gueule maintenant.

Il fit un sourire qu'il essaya de rendre ironique. La gentillesse était plutôt son domaine, il n'avait pas l'habitude d'être froid et distant, donc : c'était mal barré pour le moment. En attendant qu'elle réponde, il la détailla plus attentivement du regard.

Bon dieu, il avait jamais vu une nana aussi attirante. Et encore : il n'était pas de ces pervers du genre de Lavi qui craquaient sur tout ce qui bouge et qui a des seins. Mais la Zoey, c'était quelque chose. Ses yeux gris bleus. Sa peau très pâle. Ses cheveux noirs mi-longs qui tombaient gracieusement sur son visage. Ses robes noires, violettes, aux couleurs sombres qui ne faisaient qu'ajouter a sa beauté déjà parfaite. Les ourlets de celle qu'elle portait aujourd'hui descendaient a ses genoux, et il pouvait voir ses collants, minces filets noirs qui partaient de la plante de ses pieds pour remonter jusqu'à son …

Nan mais qu'est-ce que tu regardes, là ?

Allen se rendit soudain compte qu'il était rouge pivoine. Ça ne collait pas tout a fait avec les airs de Don Juan mystérieux qu'il se donnait. Il fit un sourire gêné, ce qui fut encore pire. Lorsqu'il releva d'un coup les yeux, ils se posèrent sur son décolleté. Il eut soudain envie d'être enterré six pieds sous terre .

[ Jme suis pas donnée a fond u___u ]

Nahméoh. Kékcékçala ? Kékiregarde c’te couillon fini ?
Son regard brulant sur moi me fait monter la bile à la bouche. Il se prend pour qui ? Je ne lui ai jamais donné le droit de me mater comme ça. La colère me tord l’estomac, et une grimace étire mes lèvres pâles. De plus, sa réponse froide et irrespectueuse est un affront à ma personne, et il se donne le droit de me juger sans me connaître. Ridicule. Je lui lance un regard froid et méprisant et ma main se lève gracieusement pour atterrir dans une gifle monumentale sur sa joue, lui laissant l’empreinte de mes doigts sur la peau. J’aimerais bien lui en donner encore une bonne dizaine comme ça, mais bon, se serait trop d’honneur que de lui donner plus de mon temps libre. Je lui lance un nouveau regard méprisant, et m’écarte légèrement de lui.

- Eh Ducon. Je suis pas ton amie, ni même une connaissance, je suis rien, alors te donne pas le droit de me juger et de me regarder comme ça à l’avenir, murmurais-je impassiblement.

Dans un mouvement agile, sur me glisse juste à côté de lui, caressant sa joue avec la douceur d’un rêve, la promenant jusqu’au derrière de sa nuque, ce léger toucher se transformant en prise lorsque j’agrippe ses cheveux, pour l’obliger à se baisser. Il est un peu trop grand à mon gout.

- Si il y a un avenir, ce que je pense vraiment, vraiment improbable, lui susurrais-je dans le creux de l’oreille. Je n’apprécie pas les gringalet dans ton genre qui se croient mieux que tout le monde, bien qu’on m’aie dit que des choses agréables à ton sujet, ou plutôt ce que j’ai entendu.

Un léger sourire s’affiche au coin de mes lèvres, et je le dévore discrètement à nouveau du regard. Je le veux, lui. Je veux qu’il me prenne dans ses bras musclé, qu’il soit la pour moi. Je ferme les yeux et secoue imperceptiblement la tête. Non. Il faut que je me reprenne, je vais pas tomber sous le charme du premier venu.
Pour que je cesse de fantasmer sur son corps, je le lâche et me retourne m’empêchant de le regarder. Je ne vais pas le laisser s’approcher de moi. Je ne veux plus revivre mon passé, il faut que je le tienne à distance. Prenant une grande inspiration, je me tourne à nouveau vers lui, et tente de garder une moue impassible.

- De toute façon, il vaut mieux qu’on ne se reparle pas. Je suis pas faite pour trainer avec des gens, et puis tu as d’autres personne à reluquer dans ton entourage je pense. Sur ce, bonne journée.

Mes yeux prennent un air désolé, et je lui tourne le dos pour me diriger vers sa porte en me mordillant les lèvres. Je sors rapidement, et une fois dehors, je me laisse glisser sur le mur, cachant ma tête dans mes mains, retenant mes sanglots. Cet exorciste Lui ressemble vraiment. Trop. J’aspire deux grandes goulées d’air, me calmant, et je ferme les yeux, restant assise la, comme une idiote, pendant de longues minutes, me mordant les lèvres au sang.

| Un peu mélodramatique sur les bords. x_x |

Putain, quel con, mais quel con …
Allen s'engueula ainsi lui-même pendant un bon moment avant de décider de passer a l'action. Son coeur battait assez fort. Il s'agissait peut être d'un coup de foudre ? En tout cas, au moins sur le plan physique. Après, on verrait. Mais avant de pouvoir prétendre qu'il avait un soupçon de chance avec elle, il devait lui parler. Rattraper sa bêtise monumentale ne serait pas superflux … Il devinait que Zoey ignorerait une simple tape sur l'épaule, ou même un geste galant visant a la ramener vers lui. Son seul moyen de parvenir a ses fins demeurait dans sa main droite. Certes, ce n'était pas une attitude a avoir avec une dame, mais il ne pouvait pas abandonner le coup comme ça. Il activa son innocence, et saisit délicatement Zoey dans sa main, la soulevant juste un peu de terre, tentant de ne pas trop la serrer. Malgré ses jurons et le fait qu'elle se débattait inlassablement, il ne lâchait pas prise. Il préférait qu'elle le déteste plutôt que de la perdre de vue. C'était stupide, mais l'amour, ou tout du moins la complaisance physique, était faite ainsi. On se sentait idiot. Etrangement, ça lui plaisait. Bref. La situation était ainsi. Notre gaillard, manteau d'exorciste sur le dos & muscles endoloris par l'entrainement, sa main decuplée de volume a cause de son pouvoir spécial, et a l'intérieur de celle ci, la fille qui lui plaisait. Un oeil extérieur pouvait trouver cela comique.

Au final, il la laissa doucement retomber a terre, mais n'ôta pas sa main de l'encadrement de la porte. Il ne fallait pas qu'elle s'en aille. Allen savait que s'excuser ne servirait a rien avec une personne comme celle ci – il avait fréquenté Marian Cross, il savait ce que c'était que de se prendre un mur en voulant aborder la communication. Néanmoins, le ton qu'il prit fut désolé, mais vous aurez comprit que cela était involontaire.

« -Eh, soit pas si énervée. J'essayais de rentrer dans ton jeu, ça a pas marché, c'est pas si grave. »

Il sourit, assurément cette fois ci. Il espérait l'avoir un peu radoucie. Elle lui avait tiré les cheveux, quand même. Même les akumas faisaient moins mal. Néanmoins, il veillait a ce que la douleur ne se lise pas sur son visage. Il fallait amadouer Zoey. Pas par des techniques de manipulation mentales hypocrites et sordides comme la complimenter. Non, il allait tout simplement lui parler naturellement, et si cela ne se faisait pas, eh bah, le pauvre vieux resterait célibataire.

« -Pourquoi tu es si .. froide avec les gens ? Ça me regarde probablement pas, mais moi je t'aime bien *même si tu m'as fait mal aux cheveux* alors ça me fait de la peine. »

Pour mettre définitivement fin au conflit qu'il y avait entre eux deux, il retira sa main. Le sous entendu était simple : c'était a elle de choisir. Soit elle partait, et il ne lui reparlerait plus, soit elle acceptait son amitié … ou plus. Il n'était pas le maître de la situation, mais il acceptait son rôle avec une étrange dignité.

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